24
Toile interplanaire

 

 

— Dégage de mon chemin, espèce d’énorme baleine ! rugit Bruenor.

L’immense eunuque se campa sur ses jambes et tendit une énorme main vers Bruenor – que ce dernier mordit aussitôt.

— Ils n’écoutent jamais, ronchonna-t-il.

Il se baissa, se faufila entre les jambes du géant et se redressa brusquement, soulevant littéralement le pauvre eunuque de terre d’un coup de la corne de son casque. Pour la deuxième fois de la journée, le garde se mit à loucher et il s’écroula, les mains sur sa nouvelle blessure.

Une colère meurtrière évidente dans ses yeux gris, Bruenor se retourna vers Amas. Celui-ci ne semblait cependant pas inquiet et, à vrai dire, le nain ne prêta pas véritablement attention à lui. Il se concentra surtout une nouvelle fois sur l’arbalète, chargée et pointée sur lui.

 

***

 

La seule émotion que ressentit Drizzt en chargeant fut la colère, une colère due à la souffrance que ces misérables créatures de Tartérus avaient infligée à Catti-Brie.

Son but était également très précis : le petit morceau de lumière dans l’obscurité, la porte planaire qui conduisait à son propre monde.

Cimeterres brandis, il sourit en songeant aux chairs de démodandes qu’il allait déchirer, puis il ralentit et sa rage se calma quand il aperçut son objectif. Il était sans aucun doute en mesure de déferler sur la horde de monstres en une furie destructrice et il parviendrait probablement à se glisser jusqu’à la porte, mais Catti-Brie supporterait-elle les coups que ne manqueraient pas de lui porter ces puissants monstres avant que Drizzt la sorte de cet enfer ?

Le drow entrevit une autre solution. Tout en s’approchant de l’arrière du groupe de démodandes, il écarta les bras et tendit ses lames de chaque côté, puis il donna un petit coup sur les épaules extérieures de deux des créatures. Quand celles-ci se tournèrent par réflexe pour regarder par-dessus leurs épaules, Drizzt s’élança entre elles.

Les armes du drow formèrent une proue bruissante qui entailla les mains des autres bêtes qui tentaient de l’attraper. Il sentit quelque chose tirer Catti-Brie et se retourna aussitôt, redoublant de colère. Il ne vit pas sa cible mais il sut qu’il avait touché quelque chose quand, après avoir abattu Scintillante, il entendit un hurlement de démodande.

Un bras massif le frappa à la tempe, d’un coup qui aurait dû l’assommer, néanmoins Drizzt se retourna encore et vit la clarté de la porte à un mètre ou deux de lui – ainsi que la silhouette d’un dernier monstre qui bloquait le passage.

Le tunnel noir de chair de démodandes se referma sur lui. Un autre énorme bras fondit sur lui mais l’elfe parvint à esquiver le coup.

Si le dernier démodande le retardait d’une seule seconde, il serait pris et massacré.

Ce fut de nouveau l’instinct, plus vif qu’il l’avait imaginé, qui permit à Drizzt de franchir cet obstacle. Il frappa les bras de la créature avec ses cimeterres et baissa la tête avant de percuter le torse de son adversaire, qui fut projeté avec lui dans son élan à travers la porte.

 

***

 

La tête noire et les épaules apparurent devant Wulfgar, qui frappa avec Crocs de l’égide. Le puissant coup brisa la colonne vertébrale du démodande et secoua Drizzt, qui poussait derrière.

Le monstre s’écroula, mort, la moitié du corps de l’autre côté du Cercle de Taros, et le drow, quelque peu étourdi, s’effondra sur le côté dans l’appartement d’Amas, Catti-Brie sur lui.

Wulfgar pâlit en voyant cela et connut un instant d’hésitation mais Drizzt, conscient que d’autres créatures surviendraient bientôt en trombe, parvint à redresser la tête.

— Ferme la porte, haleta-t-il.

Wulfgar avait déjà compris qu’il lui était impossible de briser l’image vitreuse située à l’intérieur du cercle – la frapper n’aurait fait qu’envoyer la tête du marteau de guerre sur Tartérus. Il s’apprêta à abattre Crocs de l’égide sur le montant.

C’est alors qu’il prit conscience de ce qu’il se passait de l’autre côté de la pièce.

 

***

 

— Seras-tu assez vif avec ce bouclier ? se moqua Amas en faisant mine de changer l’angle de tir de son arbalète.

Concentré sur l’arme, Bruenor n’avait même pas remarqué l’entrée fracassante de Drizzt et Catti-Brie.

— Tu n’as donc qu’un seul tir pour m’abattre, chien, répliqua le nain, que la mort n’effrayait pas. Un tir et un seul.

Il avança d’un pas déterminé.

Amas haussa les épaules. C’était un tireur d’élite et son arbalète était aussi pétrie de magie que n’importe quelle arme des Royaumes. Un tir lui suffirait.

Mais il ne fut jamais déclenché.

Un marteau de guerre tournoyant percuta violemment le trône et projeta le pesant fauteuil sur le maître de guilde, qui s’écrasa lourdement contre le mur.

Un sourire carnassier sur les lèvres, Bruenor se tourna vers son ami barbare pour le remercier mais ce sourire s’évanouit et les mots moururent sur ses lèvres quand il vit Drizzt et Catti-Brie étendus près du Cercle de Taros.

Le nain demeura immobile, comme changé en pierre, sans cligner des paupières et sans prendre la moindre inspiration. La force abandonna ses jambes et il tomba à genoux, puis, après avoir lâché sa hache et son bouclier, il se précipita à quatre pattes vers sa fille.

Wulfgar empoigna les rebords de fer du Cercle de Taros et tenta de les rapprocher. Le haut de son corps rougit, alors que ses veines et ses muscles bien dessinés se tendaient comme des cordes métalliques sur ses bras puissants. Hélas la porte ne céda pas d’un pouce.

Un bras de démodande traversa le portail pour en empêcher la fermeture, ce qui ne fit qu’encourager Wulfgar. Il invoqua Tempus d’un rugissement tout en poussant de toutes ses forces afin de faire se rejoindre ses mains et donc de tordre les rebords du cercle jusqu’à les faire se toucher.

L’image vitreuse se plia avec le changement planaire et le bras du monstre tomba sur le sol, proprement sectionné. De même, le cadavre du démodande étendu au pied du barbare, la moitié du corps toujours de l’autre côté de la porte, fut retourné.

Wulfgar détourna les yeux du spectacle épouvantable d’un démodande ailé pris dans le tunnel planaire déformé, tordu et broyé jusqu’à ce que sa peau commence à s’arracher.

La magie du Cercle de Taros était puissante et Wulfgar, malgré sa force considérable, ne pouvait espérer suffisamment tordre l’objet pour mener à bien sa tâche. Il avait déformé et bloqué la porte, mais pour combien de temps ? Une fois le colosse vaincu par la fatigue, le portail se rouvrirait et reprendrait son aspect habituel. Plus têtu que jamais, le barbare lâcha un cri et insista, la tête tournée sur le côté en prévision de l’éclatement du miroir.

 

***

 

Comme elle paraissait pâle, avec ses lèvres presque bleues et sa peau sèche et froide. Bruenor voyait que ses blessures étaient sévères, toutefois il sentait que la plus sérieuse d’entre elles n’était ni une entaille, ni une commotion. Sa fille adorée semblait plutôt avoir perdu toute sa vitalité, comme si elle avait abandonné tout désir de vivre en chutant dans les ténèbres.

Elle gisait à présent, inerte, froide et blafarde dans ses bras. Encore à terre, Drizzt évalua d’instinct les dangers. Il se roula sur le côté et tira sa cape, protégeant ainsi de son corps Bruenor, qui ne prêtait plus du tout attention aux événements qui se déroulaient autour de lui, et Catti-Brie.

De l’autre côté de la pièce, LaValle remua et tenta de chasser l’engourdissement dans lequel il était plongé. Il se redressa sur ses genoux et examina la situation. Il vit immédiatement que Wulfgar essayait de fermer la porte.

— Tue-les…, murmura Amas au magicien sans oser quitter la protection offerte par le fauteuil retourné.

LaValle ne l’écouta pas ; il avait déjà entamé un sort.

 

***

 

Pour la première fois de sa vie, Wulfgar constatait que sa force était insuffisante.

— Je ne peux pas ! grogna-t-il, consterné en regardant Drizzt – comme il le faisait toujours – en attente d’une réponse.

Le drow blessé était à peine conscient.

Wulfgar avait envie de renoncer. L’entaille consécutive à la morsure de l’hydre lui brûlait le bras, ses jambes ne le soutenaient plus que difficilement et ses amis étaient étendus sur le sol, impuissants.

Et sa force n’était pas suffisante !

Il jeta des regards de tous les côtés, à la recherche d’un autre moyen. Le cercle, malgré sa puissance, avait forcément une faiblesse. En tout cas, et pour avoir un espoir auquel se raccrocher, Wulfgar devait croire que c’était le cas.

Régis l’avait traversé, il avait trouvé une façon de contourner son pouvoir.

Régis.

Wulfgar avait trouvé sa réponse.

Il insista une dernière fois sur le Cercle de Taros, puis il le relâcha d’un coup, ce qui fit trembler le portail quelques instants. Wulfgar n’hésita pas à contempler ce spectacle sinistre. Il plongea et arracha le sceptre surmonté de sa perle de la ceinture de Drizzt, puis il se redressa et écrasa le fragile objet sur le sommet du Cercle de Taros. La perle noire explosa en mille éclats.

Au même moment, LaValle prononçait la dernière syllabe de son incantation, libérant une puissante décharge d’énergie qui frôla Wulfgar et lui brûla les poils des bras avant de frapper le centre du Cercle de Taros. L’image vitreuse, déjà craquelée de façon circulaire, telle une toile d’araignée, par le coup du barbare, se brisa totalement.

L’explosion qui s’ensuivit ébranla les fondations du bâtiment de la guilde.

D’épaisses portions de ténèbres tourbillonnèrent dans la chambre et les témoins présents eurent la sensation que la pièce tournait sur elle-même. Un vent violent siffla et hurla soudain à leurs oreilles, comme s’ils étaient pris dans le tumulte d’une faille entre les plans d’existence eux-mêmes. Ils furent submergés par de la fumée et des vapeurs noires. L’obscurité devint totale.

Puis, aussi brusquement que le phénomène était apparu, il se dissipa et la clarté du jour inonda de nouveau la pièce saccagée. Drizzt et Bruenor furent les premiers à se relever et à examiner les dégâts et les survivants.

Le Cercle de Taros gisait au sol, déformé et brisé, réduit à un amas de métal tordu auquel s’accrochaient obstinément quelques morceaux d’une substance collante qui évoquait de la toile d’araignée. Un cadavre de démodande était étendu à terre, non loin du bras sectionné d’un de ses congénères, encore crispé dans la mort et duquel un épais fluide noir dégoulinait.

Trois ou quatre mètres plus loin, Wulfgar était assis, appuyé sur les coudes et le regard perplexe, un bras meurtri par la décharge d’énergie de LaValle, le visage noirci par la fumée et le corps entièrement emmêlé dans la toile gluante. Une centaine de petites gouttes de sang parsemaient le barbare. Apparemment, l’image vitreuse du portail planaire avait été davantage qu’une simple image.

Wulfgar regarda ses amis d’un air absent, cligna plusieurs fois des yeux, puis s’écroula sur le dos.

LaValle émit un grognement quand il remarqua Drizzt et Bruenor. Il commença à essayer de se redresser sur ses genoux mais se rendit vite compte que cela ne servirait qu’à l’exposer à ces intrus victorieux. Il se laissa retomber sur le sol et ne bougea plus.

Drizzt et Bruenor échangèrent un regard en se demandant ce qu’ils allaient faire.

— C’est agréable de revoir la lumière, dit une faible voix en dessous d’eux.

Ils baissèrent la tête et croisèrent le regard de Catti-Brie, ses yeux d’un bleu profond de nouveau ouverts.

En larmes, Bruenor se laissa tomber à genoux et l’étreignit. Alors qu’il s’apprêtait à faire de même, Drizzt sentit qu’il devait respecter leur intimité. Il donna une tape réconfortante sur l’épaule du nain et s’éloigna afin de s’assurer que Wulfgar s’en était bien sorti.

Une soudaine agitation l’interrompit au moment où il s’agenouillait près de son ami. L’énorme trône, déchiré et brûlé contre le mur, bascula en avant. Drizzt le repoussa facilement mais, ce faisant, il vit le Pacha Amas jaillir de sa cachette et se précipiter vers la porte principale de la pièce.

— Bruenor ! cria l’elfe.

Il sut au moment où il prononçait ces mots que le nain était trop occupé avec sa fille pour être dérangé. Il écarta le fauteuil massif et se saisit de Taulmaril, accroché dans son dos, dans lequel il encocha une flèche tout en se lançant à la poursuite du maître de guilde.

Celui-ci franchit en trombe la porte et se retourna pour la claquer derrière lui.

— Rassit…

Son cri mourut dans sa gorge quand il se tourna vers les escaliers et vit Régis, les bras croisés, qui se tenait devant lui au sommet des marches.

— Toi ! rugit Amas, le visage déformé et les poings serrés de rage.

— Non, elle, rectifia le halfelin en désignant du doigt une forme aux lignes pures qui bondit à cet instant sur lui.

Aux yeux du maître de guilde stupéfait, Guenhwyvar n’apparut que comme une boule volante de crocs et de griffes.

Le temps que Drizzt atteigne la porte, le règne d’Amas avait touché à sa fin, une fin brutale.

— Guenhwyvar ! s’écria le drow, qui revoyait sa compagne adorée pour la première fois depuis de nombreuses dizaines.

La panthère bondit vers Drizzt et lui donna de chaleureux coups de museau, tout heureuse de ces retrouvailles.

Celles-ci ne s’éternisèrent pas en raison de ce que vit et entendit l’elfe. Tout d’abord Régis, confortablement installé sur la rampe décorée, les bras derrière la tête et ses pieds poilus croisés. Drizzt était tout autant ravi de le revoir mais il fut déconcerté par les bruits qui résonnaient dans les escaliers : des hurlements de terreur et des grognements rauques.

Les ayant également entendus, Bruenor sortit de la pièce pour en avoir le cœur net.

— Ventre-à-Pattes ! s’exclama-t-il à la vue de Régis, avant de rejoindre Drizzt près du halfelin.

Ils regardèrent en direction du grand escalier et virent les combats qui s’y déroulaient. À chaque instant, un rat-garou surgissait, poursuivi par une panthère. Juste en contrebas des compagnons, un groupe d’hommes-rats avait formé un cercle défensif et leurs lames s’agitaient afin de repousser les amis félins de Guenhwyvar. Soudain, ils furent engloutis sous une vague de fourrure noire et de dents brillantes.

— Des panthères ? lâcha Bruenor, stupéfait, en regardant Régis. Tu as fait venir des gros chats ?

Le halfelin sourit et inclina la tête, qui reposait toujours dans ses mains.

— Tu connais un meilleur moyen de chasser les souris ? Bruenor secoua la tête et ne put réprimer un sourire. Il se retourna et regarda le corps de l’homme qui avait fui la pièce.

— Mort, lui aussi, fit-il remarquer d’un ton grave.

— C’était Amas, leur dit Régis, même s’ils avaient déjà deviné l’identité du maître de guilde. Le voilà parti. J’imagine que ses associés rats vont faire de même. (Il se tourna vers Drizzt, conscient qu’il devait des explications.) Guenhwyvar et ses amis ne s’en prennent qu’aux hommes-rats… ainsi qu’à lui, bien sûr. (Il pointa le doigt sur Amas.) Les voleurs ordinaires se sont cachés dans leurs appartements – s’ils ne sont pas idiots – mais les panthères ne les toucheraient pas de toute façon.

Drizzt approuva d’un hochement de tête la sagesse de Régis et Guenhwyvar. L’animal n’était pas un justicier.

— Nous sommes tous venus grâce à la statuette, poursuivit Régis. Je l’ai gardée avec moi quand je suis parti de Tartérus avec Guenhwyvar. Les félins s’en serviront pour regagner leur plan quand leur travail sera terminé.

Il lança la figurine à son propriétaire légitime.

Un air curieux se dessina sur le visage du halfelin. Il claqua des doigts et sauta de la rampe, comme si ce dernier geste lui avait donné une idée. Il courut vers Amas et roula la tête de l’ancien maître de guilde sur le côté – tâchant d’ignorer la profonde blessure qu’il portait sur le cou – et se saisit du pendentif orné de son rubis, point de départ de toute cette aventure. Satisfait, il lança un regard très étrange à ses deux amis.

— Il est temps de se faire de nouveaux alliés, expliqua-t-il avant de dévaler les marches.

Incrédules, Bruenor et Drizzt se regardèrent.

— Il va s’emparer de la guilde, déclara le nain.

Le drow ne contesta pas ce point de vue.

 

***

 

Depuis une ruelle du Cercle des Bandits, Rassiter, revenu à sa forme humaine, entendait les cris d’agonie de ses compagnons hommes-rats. Il s’était montré suffisamment malin pour comprendre que la guilde était tombée aux mains des héros venus du Nord, et quand Amas lui avait ordonné de se joindre au combat, il avait regagné la sécurité des égouts.

Il ne pouvait maintenant plus qu’écouter leurs hurlements et se demander combien de ses semblables lycanthropiques survivraient à cette funeste journée.

— Je bâtirai une nouvelle guilde, se promit-il, bien que pleinement conscient de l’énormité de la tâche, particulièrement depuis qu’il s’était forgé une si mauvaise réputation à Portcalim. Peut-être s’enfuirait-il vers une autre cité – Memnon ou la Porte de Baldur – plus haut sur la côte.

Ses réflexions furent brutalement interrompues quand le plat d’une lame courbée se posa sur son épaule et que son bord tranchant laissa une fine ligne sur le côté de son cou.

Rassiter brandit une dague incrustée de joyaux.

— C’est à toi, il me semble, dit-il en essayant de paraître calme.

Le sabre s’écarta et Rassiter se retourna pour faire face à Artémis Entreri.

Celui-ci tendit un bras bandé pour se saisir du poignard et rengaina dans le même temps son sabre dans son fourreau.

— Je savais que tu avais été battu, poursuivit le rat-garou avec assurance. J’ai craint que tu aies été tué.

— Craint ou espéré ? dit Entreri en souriant.

— C’est vrai que nous avons été rivaux dès le début, commença Rassiter.

L’assassin éclata de rire. Il n’avait jamais imaginé l’homme-rat suffisamment puissant pour le considérer comme un rival.

Rassiter ne tint pas compte de l’insulte.

— Mais alors nous servions le même maître, poursuivit-il. (Il se tourna vers le bâtiment de la guilde, où les cris s’estompaient enfin.) Je pense qu’Amas est mort, ou du moins dépossédé de son pouvoir.

— S’il a affronté le drow, alors il est mort, cracha Entreri, chez qui la simple évocation de Drizzt Do’Urden emplissait la gorge de bile.

— Les rues sont donc libres, déduisit Rassiter en adressant un clin d’œil à l’assassin. À disposition de…

— Toi et moi ?

Le rat-garou haussa les épaules.

— Rares sont ceux à Portcalim qui s’opposeraient à toi. Quant à moi, avec ma morsure contagieuse, je peux créer une bande de fidèles soldats en une semaine. Personne n’oserait nous défier dans la nuit.

Entreri fit quelques pas aux côtés de Rassiter et considéra à son tour le quartier général de la guilde.

— Certes, mon vorace ami, dit-il posément. Cependant, deux problèmes subsistent.

— Deux ?

— Deux. Premièrement, je travaille seul. (Le corps de Rassiter se raidit quand la lame de la dague s’enfonça dans son dos, tandis qu’Entreri poursuivait sans s’interrompre :) Et deuxièmement, tu es mort.

Il retira le poignard ensanglanté et le maintint vertical, de façon à l’essuyer sur la cape de sa victime alors que celle-ci s’effondrait, sans vie.

Il examina son travail, puis le bandage que portait son épaule blessée.

— Ça va déjà mieux, marmonna-t-il pour lui-même, avant de disparaître et de se glisser dans un recoin sombre.

Il faisait déjà grand jour, et avec une longue guérison à venir, l’assassin n’était pas encore prêt à relever les défis susceptibles de survenir dans les rues en journée.

Le Joyau du Halfelin
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